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Les Rameaux et la Passion du Christ 2021

Les Rameaux et la Passion du Christ 2021

Lecture du jour :

Chers Frères et Sœurs

Voici que symboliquement, nous sommes entrés avec le Seigneur à Jérusalem, criant : « Hosanna, béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ». Monté sur un ân et non sur les nuées du ciel, le Seigneur entre comme un roi et c’est pour nous un signe et un appel. Dans un monde de justice, non marqué par le péché comme est le nôtre, il serait venu sur les nuées du ciel mais, pour nous pécheurs, il vient en roi pacifique sur cet ân que personne n’a encore monté et qu’il restituera juste après. Il y a ceux qui marchent devant, il y a ceux qui marchent derrière, il y a ceux qui ne sont pas encore venus mais tous nous sommes invités à le suivre.
« Béni soit le règne qui vient, Hosanna au plus haut des cieux », avons-nous encore chanté. En écoutant le récit de la Passion tel que Marc nous la raconte, nous voyons se réaliser ce qui était annoncé dans le récit de l’entrée à Jérusalem. Nous entendons comment le Règne de Dieu arrive et comment nous sommes tous invités à y prendre part comme à la table d’un festin.
Comme l’annonce le psaume : « la terre entière se souviendra et reviendra vers le Seigneur, chaque famille de nations se prosternera devant lui. Oui au Seigneur la royauté ». Mais le chemin par lequel le Christ y parvient et où nous sommes invités à le suivre est celui où il est triste à en mourir, livré aux mains des pécheurs, accusé par de faux témoins, tourné en dérision et insulté. C’est sur cette voie du salut qu’il donne sa vie après avoir fait sienne la prière de tous ceux qui se sentent abandonnés par Dieu.
C’est le même psaume qui dit en effet :
« Mon Dieu, Mon dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?
Ils me percent les mains et les pieds,
Je peux compter tous mes os,
Ils partagent entre eux mes habits et tirent au sort on vêtement »

Oui Frères et Sœurs, voici comment le règne de Dieu a été révélé, voici comment la joie est entrée dans le monde, voici comment la louange universelle peut éclater lorsque Jésus poussant un grand cri expira et que le voile du temple se déchira. Jésus, le Christ, le Messie, Dieu fait homme nous a tous rejoint dans la détresse pour que resplendisse la croix comme arbre de la rédemption et que le centurion, premier fruit de toutes les nations s’écrie : « Vraiment cet homme était Fils de Dieu »
Voilà le chemin, où nous sommes invités, non avec nos propres forces mais par la grâce de Dieu, ceux qui marchent devant, ceux qui marchent derrière et ceux qui ne sont pas encore venus. C’est le chemin de la vie qui se donne, qui se partage pour en sauver d’autres comme le bateau qui recueille un migrant en mer, comme le médecin ou l’infirmier qui soigne un malade de covid, comme la mère ou le père qui font tout pour bien élever leurs enfants et comme dans d’autres gestes de dons qui sont discrets ou invisibles. D’une certaine manière nous n’avons pas à chercher ce qu’il faut faire, cherchons juste à suivre le Christ.

Vivons donc ces prochains jours comment un temps privilégié pour prendre mieux conscience de ce qui nous unis au Christ qui, par sa Passion, sa mort et sa résurrection, nous fait entrer, à travers l’eau du baptême, dans une vie et une espérance qui ne déçoivent jamais.

Pensons tout particulièrement aux trois catéchumènes qui se préparent à vivre cette Semaine Sainte comme le dernier chemin avant leur baptême et qui revêtiront le vêtement blanc des disciples du Christ ressuscité.

Au cours de la Semaine sainte, nous pourrons prier, méditer, contempler le Christ tout au long de sa passion jusqu’au matin de Pâques. Avec ce que nous sommes, avec nos difficultés, nos inquiétudes et nos péchés, avec tout ce qui vit notre monde de tragique en ces temps actuels de la pandémie, nous pourrons prendre notre place sur le chemin de croix de Jésus.

Ainsi nous y invite saint Grégoire de Naziance:

« Si tu es Simon de Cyrène, prends la croix et suis-le.

Si tu es crucifié avec lui, comme le malfaiteur, reconnais comme cet homme juste, qu’il est Dieu…

Si tu es Joseph d’Arimatie, réclame le corps à celui qui l’a fait mettre en croix : que ton souci soit le rachat du monde.

Si tu es Nicodème, cet adorateur de Dieu, mets-le au tombeau avec les parfums.

Si tu es une des saintes femmes, l’une ou l’autre Marie, si tu es Salomé ou Jeanne, va-le pleurer de grand matin. Sois la première à voir la pierre enlevée, à voir peut-être les anges, et Jésus lui-même. »

Ce chemin de la Semaine Sainte, nous le faisons aussi avec Marie, jusqu’au pied de la croix, jusqu’au tombeau et jusqu’à l’aube de Pâques où la vie triomphe de la mort, où l’espérance devient possible, où le Christ ressuscité vient de nouveau marcher sur les routes humaines, à nos côtés, comme il le fit sur le chemin d’Emmaüs. Que Marie, Notre-Dame, avec Saint Joseph, que nous honorons cette année, nous accompagnent tout au long de cette semaine ! Bonne Semaine sainte à tous !

C. Hermanowicz

Autres homélies du Père Christophe  Hermanowicz

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4IEME DIMANCHE DE CARÊME 2021 : venir à la lumière

« Ce ne sont pas les yeux de notre corps qui ne voient pas mais les yeux de notre cœur. »

Lectures du jour : 

Au cours de leur marche dans le désert  vers la Terre Promise qu’ils trouvent trop dure, les hébreux sont remplis d’amertume, tentés de préférer l’esclavage de l’Égypte à la liberté promise par le Dieu de Moïse. Tous étaient tombés dans l’amertume , le manque de confiance en Dieu, et en eux c’était comme si des serpents les mordaient et les faisaient mourir. En élevant les yeux vers le serpent de bronze dressé par Moïse, ils retrouvaient confiance : le Seigneur les protégeait de la mort et  ils pouvaient continuer la route vers la Terre Promise. Jean fait le rapprochement avec la croix du Christ : la Croix nous rappelle nos refus, nos fragilités face au péché, à la maladie, à la mort; mais plus encore la Croix est symbole de vie : carJésus donnant sa vie sur la croix témoigne de l’amour infini du Père pour nous. Continuer la lecture de 4IEME DIMANCHE DE CARÊME 2021 : venir à la lumière

Quelle vocation de baptisé ?

Nous aimerions pouvoir échanger, ce n’est cependant pas une obligation.

Une question est posée à la fin du texte ci-dessous : elle permet à chacun de s’exprimer s’il le souhaite et de renvoyer  la réponse. Je collecterai les réponses et vous en enverrai la synthèse.

Pour commencer, je reprends des mots qui sont venus dans votre réflexion :

Concernant le mot « baptisé » :

  • acte de foi
  • se reconnaître enfant de Dieu
  • faire partie du Corps du Christ, même si l’expression gêne un peu
  • entrer dans la grande famille de l’Église
  • invités à vivre dans l’esprit de Jésus Christ
  • désir, attente du catéchumène en attendant la confirmation de l’appartenance à la Vérité

Concernant le mot « vocation » :

  • appel, être appelé
  • et répondre à la volonté du Père (les trois demandes du Notre Père à Dieu Père : sur la terre comme au ciel, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite)
  • et être signe de l’amour auprès de l’entourage
  • engagements, aptitudes
  • se consacrer au service de Dieu

Pour expliquer l’origine de la proposition faite, cela est apparu comme une évidence

de questionner notre vocation baptismale, après 2-3 années de réflexion sur la messe et la privation des célébrations communautaires physiques  de la Semaine Sainte, de la Vigile  où 5 catéchumènes de notre paroisse auraient dû recevoir les sacrements de l’initiation chrétienne et enfin de ne pouvoir vivre  Pâques ensemble.

Dans notre aventure de chrétien, tout commence par le baptême, cette entrée manifestée dans cette nouvelle vie inaugurée par le Christ. Si nous éprouvons une grande joie à la pensée que des enfants, des jeunes, des adultes sont baptisés, il est important de visiter les fondements de cette joie qui nous est offerte, à nous « vieux » baptisés ou plus jeunes.

Nous nous appuierons sur des textes divers :

  • Lumen Gentium, constitution dogmatique sur l’Eglise et guide de lecture
  • Des théologiens lisent le concile Vatican II : Pour qui ? Pour quoi ? (Theologicum)
  • Tous, prêtres, prophètes et rois, Elmer MITTERSSTIELER, 2018
  • L’Eglise, des femmes avec des hommes, Anne-Marie PELLETIER, 2019
  • Revue Eglise et Vocation, n°10 La vocation baptismale
  • Rituel de l’Initiation chrétienne des adultes, rituel du baptême des petits enfants

Nous allons structurer notre démarche en partant de deux bases solides, l’Écriture et « Lumen Gentium (Lumière des nations) », la constitution dogmatique sur l’Église,  une des quatre constitutions du concile Vatican II promulguée le 21 novembre 1964.

L’Écriture est constamment convoquée dans Lumen Gentium, LG, dans une invitation à la relecture et à la mise en valeur de textes qui vont nous révéler le dessein de Dieu pour nous les hommes et les femmes d’aujourd’hui, les nations.

Quelle perspective théologique les Pères conciliaires ont-ils adoptée ?

Citons H. de Lubac dans ses Carnets du Concile :

On peut dire [ …] qu’il y a deux sortes de théologiens ;                                       les uns disent : relisons l’Écriture, Saint Paul, etc. ; scrutons la Tradition ; écoutons les grands théologiens classiques ; n’oublions pas de faire attention aux Grecs ; ne négligeons pas l’histoire ; situons dans ce vaste contexte et comprenons d’après lui les textes ecclésiastiques ; ne manquons pas non plus de nous informer des problèmes, des besoins, des difficultés d’aujourd’hui, etc.      

Les autres disent : relisons tous les textes ecclésiastiques de ces cent dernières années, encycliques, lettres, discours de circonstance, décisions prises contre tel ou tel, monita du Saint-Office, etc. ; de tout cela, sans en rien laisser perdre ni en corriger le moindre mot, faisons une marqueterie, poussons un peu plus loin la pensée, donnons à chaque assertion une valeur plus forte ; surtout ne regardons rien au-dehors ; ne nous perdons pas dans de nouvelles recherches sur l’Écriture ou la Tradition, ni a fortiori sur des pensées récentes, qui nous feraient risquer de relativiser notre absolu.                         Seul le théologien de la seconde espèce est considéré comme « sûr » dans un certain milieu.

Pourtant c’est la première manière de faire de la théologie qui l’a largement emporté au concile Vatican II et qui a été choisie par les Pères. On assiste à la validation d’une théologie qui plonge à la source biblique et à la grande Tradition, qui ne cesse de s’interroger sur son rapport à l’expérience, qui entre en dialogue avec d’autres champs de la culture, qui rend compte de ses règles d’interprétation et n’oublie pas ses effets sur l’Église et la société. (Des théologiens.., p. 12-13)

Nous voyons là combien le concile a ouvert les portes, le vent du renouveau dans la continuité a soufflé. Si nous nous reconnaissons enfants du concile, celui-là nous autorise, nous oblige même à redécouvrir et à vivre des richesses données et reçues lors de notre baptême. Nous entrons ainsi dans un dialogue, une relation intime avec Dieu.

Le concile parle de Dieu bien évidemment mais il parle de l’homme aussi. Relisant le psaume 8, 5-7 (TOB) : qu’est donc l’homme pour que Tu penses à lui, l’être humain pour que tu t’en soucies ? Tu en as presque fait un dieu, tu le couronnes de gloire et d’éclat ; tu le fais régner sur les œuvres de tes mains ; tu as tout mis à ses pieds. Avant même de parler d’une vocation de baptisé, il y a une volonté par le concile d’affirmer la vocation de l’homme, de l’être humain, de présenter la vision chrétienne de l’homme.   Comment les définiriez-vous ?

Blandine, Evelyne et Laurence du groupe « Mieux vivre la messe »